Lors de la rencontre WikiCM du 21 juin 2018, Yannick Letawe (HE2B – ULB) a fait un exposé très intéressant sur le thème « éducation à la citoyenneté mondiale et sciences : une alliance impossible ? ».
Docteur en sciences de l’ULg, Yannick Letawe est formateur d’enseignant·e·s en sciences (physique et mathématiques) à la Haute École Bruxelles-Brabant. Il est chargé d’exercices en biomécanique et physique à l’Université Libre de Bruxelles et chercheur au sein du consortium C5 (Tronc Commun Polytechnique) pour le Pacte d’Excellence. Il a par ailleurs une bonne expérience en gestion de projets créatifs et interdisciplinaires en milieu scolaire. Les échanges qui ont suivi avec l’assemblée ont permis d’approfondir le sujet et de susciter l’intérêt des membres de wikiCM pour un éventuel labo d’innovation sur le sujet.
Retrouvez ici le texte de son exposé.
Pour contacter Yannick Letawe : yletawe@he2b.be.
Table des matières
1. Introduction
2. De l’utilité d’intégrer l’ECM en classe de sciences
2.1. Division du savoir en disciplines
2.2. Evolution des sciences au 20e siècle
2.3. Production des savoirs scientifiques
3. De la difficulté de la tâche à accomplir
3.1. Un frein épistémologique
3.2. Un frein didactique et pédagogique
3.3. Une posture vis-à-vis de la neutralité
4. Des voies possibles
5. Conclusion
Références
Introduction
De plus en plus d’enseignants, de l’enseignement primaire au supérieur, tentent d’insérer dans leur cours une dimension citoyenne, en accord avec les prescrits officiels tels que le Décret Missions, ou le future Pacte pour en enseignement d’Excellence. Le nombre croissant de ressources pédagogiques disponibles, provenant d’initiatives locales ou gouvernementales, est supposé permettre aux enseignants de s’approprier les concepts de l’Education à la Citoyenneté Mondiale (ECM) et les aider à les rendre opérationnels dans leur cours. Notons par exemple les journées d’échange et d’inspiration organisées par le programme Annoncer La Couleur. Ces journées rassemblent une centaine d’enseignants d’horizons divers, motivés par les thématiques d’ECM et partageant leur vécu à ce sujet. Il est toutefois surprenant de constater le faible nombre de professeurs de disciplines scientifiques traditionnelles (physique, chimie, biologie, et mathématiques) dans ces rencontres. La part belle revient aux professeurs de français, d’histoire, de géographie, de sciences sociales ou économiques et aux instituteurs primaires. Ce constat soulève une question de fond qui mérite d’être analysée : pourquoi les disciplines scientifiques sont-elles sous-représentées dans ce genre d’événements ? L’ECM est-elle incompatible avec l’enseignement des disciplines scientifiques actuel ? Plus précisément, quels sont les facteurs qui rendent l’ECM difficilement intégrables dans les cours de sciences ? La faute incombe-t-elle aux programmes ? Aux savoirs ? Aux enseignants ? Ce texte vise à clarifier certains concepts épistémologiques et à poser les conditions nécessaires à une nouvelle articulation des matières scientifiques autour des thématiques d’ECM.