Genre et ECM

Article26 janvier 2024

Suite à la demande des enseignant·e·s, WikiCM a réalisé un labo sur le genre, proposant des fiches thématiques pour l’enseignement primaire et secondaire ainsi que des listes bibliographiques par tranche d’âge (6-9 ans, 9-12 ans, 12-15 ans et 15-18 ans). Le but de ce labo était de rassembler les les outils pédagogiques existant sur l’ECM et le genre afin de permettre aux enseignant·e·s de choisir l’outil pédagogique adéquat en fonction du niveau de leur classe et de l’âge de leurs élèves.

Les fiches thématiques présentent la définition du genre, des animations spécifiques à réaliser en classe, un lexique du genre, les contacts des organismes spécialistes du genre et les ressources à destination des enseignant·e·s ainsi qu’à destination des élèves.

Les listes bibliographiques présentent des outils sensibilisant aux stéréotypes, aux préjugés et à leurs rôles, à l’éducation et aux femmes d’action.

Envie de nous partager votre expérience ? Contactez-nous, nous compilerons tous les retours des enseignant-e-s ayant expérimenté un de ces outils, pour en faire profiter tous les autres !

L’ECMS et le genre : rencontre avec Carine Thibaut, directrice de campagnes au CNCD-11.11.11
L’enjeu de l’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire (ECMS) est de parler avec des jeunes, des élèves, du monde, de son fonctionnement et expliquer pourquoi il n’est pas tout à fait juste pour tout le monde.

Parler de la question du genre en ECMS, c’est répondre aux questions d’injustices : pourquoi nous n’avons pas tou·te·s la même vie selon le pays dans lequel nous vivons ? Pourquoi, si nous sommes une fille ou un garçon, notre histoire ne sera pas la même ?

Parler du genre c’est parler de ce qui fait les grandes inégalités. Il est vrai qu’aujourd’hui, les filles et les garçons ont plus d’opportunités qu’avant. Les chiffres démontrent une amélioration : les filles dans les pays du sud ont un meilleur accès à la scolarité, plus de femmes en Belgique et dans les pays européens se présentent aux élections, etc. mais il reste des choses pour lesquelles rien ne change voire qui régressent. Par exemple, dans certains pays, le viol n’est pas considéré comme un acte pénal. Dans ce cas, les femmes qui subissent des violences sexuelles entendent très souvent dire que c’est de leur faute.

Les violences physiques, psychologiques ou sexuelles faites aux femmes touchent une femmes sur trois dans le monde.
L’ECMS permet de parler de ce qui se passe dans d’autres pays du monde mais permet également de parler des réalités en Belgique. En effet, dans les classes en Belgique, des filles sont victimes de violences. Les autres élèves, filles ou garçons, seront peut-être ceux·celles qui vont perpétrer la violence ou qui seront témoins d’une manière ou d’une autre de la situation. Il est donc important d’en parler. Que peut-on faire ? Comment la violence peut être limitée ? Que veut dire être violent ?

De plus, les inégalités hommes-femmes continuent d’exister. Les écarts de salaires sont présents dans les pays du sud mais également pour ceux du nord.

Que faire concrètement à l’école pour intégrer la notion du genre ?

  • Créer une charte de convivialité qui inclut la dimension genre
  • Faire attention aux mots utilisés
  • Respecter le temps de parole de tous les enfants dans une classe
  • Inviter des intervenants et intervenantes dans les classes
  • Montrer des hommes et des femmes en actions dans le sud
  • Présenter des héroïnes et des héros
  • Parler des grandes inégalités dans le monde entre hommes et femmes

Un exemple concret dans le sud est l’accès à la terre. Dans certains endroits dans le monde, les femmes n’ont pas accès à la terre. Les hérités sont toujours les fils. Pour une fille, avoir accès à la terre doit passer par le mariage avec un propriétaire terrien. Quelqu’un qui, au final, va toujours pouvoir décider de ce qu’elle doit et peut faire avec ses terres et aussi comment vont être utilisés les revenus.

  • Rappeler l’histoire des droits des femmes et présenter des femmes qui se sont battues pour leurs droits.

En Belgique, le droit de vote existe seulement depuis 1948 pour les femmes.

  • Discuter de la cour de récréation.

Qui utilise l’espace ? Qui y a le plus accès ? Comment organiser l’espace pour que tout le monde ait le temps de jouer ? etc. La cour de récréation est souvent monopolisé par une minorité d’enfants, majoritairement des garçons qui jouent au foot et occupent 50% de l’espace.

  • Expliquer qu’il n’est pas évident partout dans le monde d’avoir accès à l’école.

Parfois, l’école est payante, elle est loin de la maison, etc. Mais aussi il y a la question du genre, les filles y ont moins accès. En Belgique, beaucoup de gens se sont battus pour que l’école soit accessible pour tous (filles et garçons, riche et pauvre).

Faire de l’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire c’est éveiller les jeunes aux grandes questions d’injustices dans le monde. Ces injustices concernent aussi la question hommes-femmes et sont d’autant plus fortes pour les femmes du sud, avec peu de moyens et un faible accès à l’école.

Il est important de discuter de ces injustices, de donner des éléments aux élèves, d’écouter ce qu’ils·elles en pensent et pour finir, de considérer comment ils·elles peuvent changer à leur niveau et comment ils·elles peuvent faire attention à l’égalité des genres.

80% de ONG qui travaillent l’ECMS en milieu scolaire ont signé une charte genre. Son objectif est que chaque ONG fasse attention au sein de sa propre organisation à l’égalité des genres.
Un des points de la charte est d’appliquer une communication qui ne reproduit pas les stéréotypes de genre. Par exemple, ne pas représenter uniquement des femmes qui s’occupent d’enfants ou de la santé et des hommes qui sont ingénieurs ou directeurs.

Un guide de bonnes pratiques va également voir le jour en mars 2019.

Envie d’en savoir plus sur la création de la charte genre ? Découvrez l’article du CNCD-11.11.11 « Lancement d’une charte genre : les ONG belges s’emparent de l’égalité de genre « .

La Charte Genre