Pourquoi l’éducation à la citoyenneté mondiale est-elle essentielle pour inspirer les jeunes à agir ? – Interview avec Nathalie Maelfait
L’éducation à la citoyenneté mondiale (ECM) est au cœur des enjeux globaux de notre époque. Elle permet aux jeunes de comprendre la complexité du monde, de saisir l’interdépendance des défis actuels, et surtout, de se sentir prêt·es à agir pour un avenir plus juste et solidaire.
Pour ce premier article de l’année, nous avons rencontré Nathalie Maelfait, coordinatrice de BeGlobal, le programme d’Enabel dédié à l’éducation à la citoyenneté mondiale. Elle nous livre sa vision de l’ECM et nous parle de l’impact qu’elle peut avoir sur la jeunesse, en la préparant à relever les défis mondiaux avec solidarité et engagement.

Bonjour Nathalie, peux-tu nous expliquer qui tu es et ce que tu fais au sein de BeGlobal ?
Bonjour, je suis Nathalie Maelfait, je suis la coordinatrice de BeGlobal.
Et qu'est-ce que l'éducation à la citoyenneté mondiale ?
Pour moi, l’éducation à la citoyenneté mondiale (ECM), c’est une éducation qui tente d’expliquer la complexité des défis mondiaux actuels et leur interdépendance.
Concrètement, qu'est-ce que cela signifie ?
Par exemple, le changement climatique, c’est une problématique qui est mondiale, qui est complexe et qui nous touche tou·tes partout dans le monde.
Et ce que l’ECM essaye de faire, c’est d’expliquer ça à des citoyen·nes « Qu’est-ce que c’est le changement climatique et dans quel sens est-ce que cela vous touche ? ». On a eu des inondations en Belgique, comme il y a maintenant des feux aux États-Unis, comme il y a la sécheresse dans le Sahel. Donc on est tou·tes confronté·es à des changements climatiques et on essaie de montrer que si on veut faire quelque chose par rapport à ça, trouver des solutions, on doit aussi comprendre que on est interdépendant·es, on est connecté·es et on doit chercher aussi des solutions ensemble.
En somme, nous sommes toutes et tous dans le même bateau sur cette planète, et la solidarité est essentielle.
Est-ce que tu aurais d'autres exemples de défis mondiaux sur lesquels on pourrait travailler en ECM ?
Dans l’ECM, on peut travailler aussi sur d’autres thématiques comme les inégalités dans le monde, les inégalités économiques par exemple.
On essaie d’expliquer aux citoyen·nes pourquoi les richesses ne sont pas partagées de la même façon partout dans le monde et pourquoi certaines parties du monde sont plus riches que d’autres. Il y a la pauvreté partout dans le monde, et pour certaines parties du monde, les inégalités sont plus grandes et il y a aussi des inégalités au niveau mondial.
C’est là où l’ECM joue un rôle important et veut expliquer aux gens « Comment ça se fait qu’il y ait plus de pauvreté dans certaines parties du monde, notamment en Afrique ou dans d’autres pays avec lesquels Enabel collabore, et moins dans d’autres ? Comment est-ce que ça se fait que cette richesse n’est pas partagée de la même façon ? Et surtout, comment est-ce que moi, en tant que citoyen·ne, je peux m’engager pour faire quelque chose par rapport à ça ? ».

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Et là aussi on veut montrer de par l’ECM, que tout est lié : « Ce que moi, en tant que citoyen·ne, je consomme ici à un impact sur des gens qui travaillent où qui bossent dans l’agriculture par exemple, ailleurs dans le monde ». On explique ainsi comment en tant que citoyen·ne on peut contribuer à diminuer les inégalités économiques dans le monde par exemple.
Tu as évoqué BeGlobal, mais qui est BeGlobal et que fait BeGlobal ?
Qui est Beglobal ? BeGlobal c’est le programme d’éducation à la citoyenneté mondiale d’Enabel, l’Agence de coopération du gouvernement belge. BeGlobal est un programme qui travaille spécifiquement sur l’éducation à la citoyenneté mondiale et l’engagement des jeunes. C’est lié. L’éducation à la citoyenneté mondiale, c’est plus large, c’est envers les citoyen·nes, pas seulement les jeunes. Mais BeGlobal a décidé de se focaliser sur les jeunes avec son programme et ce qu’on essaie de faire, c’est de mettre en action les jeunes. On essaie d’atteindre les jeunes directement en organisant des activités pour elles·eux. On leur donne des appuis, des outils, de la motivation, un réseau. On les incite à s’engager pour un monde meilleur.

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On essaie de les atteindre via les structures de l’enseignement formel et de l’enseignement non-formel, c’est à dire qu’on travaille aussi avec les structures des écoles (les directions d’écoles, les coupoles, les administrations) et on fait tout ça en partenariat avec des ONG, fondations et administrations différentes que l’enseignement. Ainsi, on essaie de vraiment créer un réseau et de connecter tou·tes ces partenaires qui sont actif·ves dans l’éducation à la citoyenneté mondiale pour atteindre ces jeunes et faire bouger les choses.
Une question d'être un peu plus personnelle, mais qu'est-ce qui te motive à travailler dans ce domaine de l’ECM ? Qu’est-ce qui t’as poussé à commencer à travailler dans ce secteur ?
Mes motivations intrinsèques ? À l’époque quand j’avais 16, 17 ans, j’ai suivi un atelier d’une ONG sur les multinationales et les inégalités qu’elles peuvent créer, l’impact qu’elles ont sur les structures mondiales et les citoyen·nes. C’était un workshop qui était vraiment très bien animé d’une façon ECM. C‘était un atelier très concret et participatif, un peu choquant en quelque sorte, avec des images qui parlaient et qui nous touchaient. Ainsi, on nous faisait sentir dans quel monde on vivait, les défis auxquels ont étaient confronté·es : « Qu’est-ce que moi je peux faire là, maintenant, en tant que jeune ? Je peux signer une pétition, mais je peux peut-être aussi aller voir des organisations avec qui je me sens à l’aise, ou je peux développer moi-même un petit projet ici, à l’école ou ailleurs. » Il s’agit donc d’outils très concrets, d’images qui parlent et nous touchent, c’est un peu ça. Cet atelier a donc mis quelque chose en marche chez moi. Dès lors, je me suis engagée pour différentes choses comme le commerce équitable, etcetera.

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Ensuite, j’ai commencé à travailler dans le secteur de la coopération internationale et je suis arrivée chez Enabel où j’ai découvert la citoyenneté mondiale assez rapidement. Ça m’a toujours touchée parce que quand je vois des jeunes qui veulent s’engager, ça me fait penser un peu à mon parcours et comment l’ECM pourrait être un déclencheur d’action pour elles·eux aussi. Ça me fait toujours plaisir de voir l’évolution des jeunes dans des trajets qu’iels suivent et de constater à quel point iels prennent ça vraiment à cœur. En travaillant pour une agence comme Enabel, c’est un peu ça qu’on fait : on veut améliorer le monde et pour moi l’ECM, c’est la voie parfaite.
Si vous aussi, l’ECM et les activités chez BeGlobal vous intriguent, n’hésitez pas à consulter notre calendrier d’événement et à rejoindre le mouvement !